Je lui ai posé toutes nos questions sur ses sujets de prédilection pour comprendre et définir la vision des achats de demain. Explications claires et sans détours.
En tant que spécialiste de la discipline, que veut dire « achats responsables » ?
MLLes achats responsables correspondent à la prise en compte des impacts et des conséquences de nos actions sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux. Cela va bien plus loin que le simple « passage de commande ».
Pour être plus concret, on se doit de ne plus regarder seulement le pied de facture pour mesurer ce que représentent les coûts. On parle alors de coût global de possession ou TCO pour « Total Cost of Ownership ». Il convient de trouver et mesurer les coûts cachés qui peuvent nuire à l’économie, à l’image et aux relations avec les parties prenantes de l’entreprise.
Nous savons qu’à ce jour, encore trop peu d’acheteurs en France pratiquent cette démarche. Elle n’est pas encore ancrée dans les mœurs d’analyse et de projection des entreprises. Cela ne veut pas dire que les acheteurs n’y sont pas sensibles mais ils n’en n’appliquent pas encore suffisamment les principes.
Comment décrivez-vous les acheteurs qui l’ont mis en pratique ?
ML On cantonne encore trop les acheteurs dans un rôle de « cost-killer ». Alors que ce sont des managers de risques. Les clichés sur la négociation et la réduction des coûts, à tout prix, ne sont plus de mise. La vraie définition des acheteurs dits responsables est qu’ils sont véritablement au service de l’entreprise pour lui permettre d’optimiser sa relation client-fournisseur sur le long terme. L’acheteur et le fournisseur se doivent de construire une stratégie et non de seulement échanger des devis.
Sachant que peu d’entreprises cartographient leurs risques fournisseurs, l’acheteur se doit, avant de négocier un prix, de considérer l’ensemble de la chaine de valeur. Vaut-il mieux diminuer immédiatement le prix d’une matière et perdre la volonté d’accompagnement d’un fournisseur ou établir un plan d’achat sur 3 ans et s’assurer de progresser ensemble ?
En quoi ne pas viser le prix en priorité est un atout pour les entreprises ?
ML Les entreprises ne visent plus uniquement le taux de marge mais prennent en considération la triple performance économique, sociale et environnementale. Les entreprises se doivent d’être performantes économiquement, bien entendu, mais elles doivent aussi être reconnues pour ce qu’elles sont avec leurs valeurs, leurs équipes, leur histoire, leurs ambitions…. On évoque ainsi une attitude « responsable » pour un modèle « soutenable ».
Vous utilisez le mot « soutenable ». Que veut-il dire ?
ML La soutenabilité est un projet d’entreprise et de société. Il vise à inscrire les activités économiques dans les limites sociales et environnementales. On veut s’assurer que les pratiques d’achat dans notre cas, permettent de maintenir la résilience de nos sociétés et de la nature. Cela implique de non seulement réduire l’impact environnemental des produits achetés sur leur cycle de vie, mais aussi de vérifier leurs conditions de fabrication et l’impact de leur utilisation sur les personnes.
Si nous devions ramener cette valeur à l’univers de la consommation, comment approcheriez-vous les achats ?
ML Il ne faut pas crier haro sur les produits, en général s’ils existent c’est qu’ils ont une fonction et un intérêt. En revanche, il serait intéressant de reprendre l’objectif et de l’associer à la prise de conscience actuelle. Comme pour tous les achats, dès que l’on est dans l’urgence, on peut moins se concentrer sur l’éco-responsabilité. Il est donc obligatoire d’anticiper notamment pour les achats qui ne peuvent pas se faire autrement que dans des pays lointains. Là encore avec du temps, on peut minimiser l’impact écologique. Le dernier point auquel je m’attacherais, ce serait l’utilité et l’utilisation de ce que l’on va offrir. Penser le produit, vêtement ou l’accessoire pour que ceux qui le reçoivent, l’utilisent, d’autant plus s’il est envisagé de manière éco-conçue. Ainsi, il n’y aura pas de produits superflus et supplémentaires sur le marché.
Un grand merci, Mathieu pour ces explications et votre engagement. Intéressé(e) par un bilan RSE, la mise en place de processus d’achats responsables. Contactez-moi, Mathieu vous accompagnera avec bienveillance.
Qui est Mathieu ?
Passionné et engagé, Mathieu Lizeau est convaincu que les fonctions « achats » et « RSE » sont des leviers de performance puissants et ont un rôle majeur à jouer au sein des organisations. Il challenge les idées, les méthodes, les équipes, avec comme objectif que les organisations aient un impact positif et visible sur leur écosystème. Il accompagne les changements mais aussi « pour faire » les changements.
« J’ai choisi de devenir consultant parce que ce que j’ai réussi à faire en tant que collaborateur, je souhaite le partager avec le plus grand nombre. En transmettant ma vision et mes succès, j’accompagne pour rendre autonome. »